Si tu veux être le premier…. On connaît la suite, l’Évangile calme les ardeurs, Jésus apaise la concurrence : il faut être le dernier, il faut se faire le serviteur de tous. On connaît, oui comme on connaît les idées. On peut mieux connaître, en laissant le Seigneur nous ouvrir à sa sagesse. En méditant l’Évangile, on pourrait laisser Jésus nous enseigner ; il nous dirait quelque chose comme : Tu veux te comparer à quelqu’un. Cherche plutôt comment tu pourras te réjouir de le voir prendre une place préférable à la tienne. Ce n’est en rien se résigner à se voir médiocre ou se déprécier. Il faut plutôt se placer avec les autres, sous le regard de Dieu, un regard d’amour qui nous éclaire. Sous ce regard comment ne pas entendre le Seigneur nous appeler et il pourrait nous dire : Celui-la dont tu enviais la place, ou à qui tu ne cessais pas de te comparer, prépare-toi plutôt à l’aimer, et à l’aimer concrètement, en étant attentif à ce qui est bon pour lui ; ainsi, veille à réaliser ce qui est bon pour lui. Réjouis-toi de ce qui le fera progresser, comme notre Père peut se réjouir de le voir progresser. Et puis il y a une invitation qui donne la tonalité de tout l’évangile, une invitation à la foi. Le Seigneur par son Esprit, nous dit : « Ne crains pas,…ne crains pas ». Lâche tes habitudes de t’inquiéter, de te préoccuper de la place que tu occuperas. Dieu y veille.
Si tu veux être le premier, tu dois être le dernier de tous. Mais on risquerait souvent de se méprendre : renoncer à une première place, disons, aux yeux des hommes. Mais pour en obtenir une autre de première place, mais aux yeux de Dieu. Il y a de quoi nous embrouiller. Mais plutôt que de nous embrouiller les esprits, Jésus nous montre un chemin. Voyez. Quand l’Évangile nous fait découvrir que Jésus est bien l’envoyé de Dieu, il nous montre ceux qui ont une place prioritaire, ceux vers qui Jésus va annoncer la bonne Nouvelle. Et voyez la liberté que Dieu prend par rapport aux premières places, par rapport à ceux qui sont bien en vue aux yeux des hommes : il va plutôt vers ceux qui ne doivent plus savoir ce que veut dire être aimé. Jusqu’à prendre le risque, assumé, accepté par amour de se laisser humilier, de passer pour un moins que rien. C’est sûr que les disciples qui parlent de l’honneur qui pourrait leur revenir un jour ne doivent rien y comprendre. On parlait d’honneur. Jésus, lui, ira jusqu’à l’horreur de la Croix.
Mais revenons au chemin qu’a pris Jésus : vers les pauvres. Et Jésus nous appelle à prendre pareil chemin pour faire l’expérience de l’Évangile vécu avec lui. Imaginez-vous aller côtoyer les gens peu reluisant, les pauvres dont le beau monde n’a pas besoin. On imagine la gêne, le malaise par rapport à la bonne société. Faire l’expérience de l’Évangile, c’est d’y partager l’attention à des personnes qui ne comptaient plus pour grand monde, et découvrir que Jésus nous rejoint, ou que nous l’avons rejoint vraiment en le suivant. Imaginez-vous vous faire ami des gens à qui on fait injustement des reproches, des personnes sur qui reviennent trop souvent les reproches ou les critiques : on comprend qu’on se demandera ce que les gens vont en penser. Jésus l’a fait en allant vers le pécheurs. A nouveau, nous pouvons faire l’expérience de l’Évangile en cheminant avec des personnes critiquées, parfois même pénibles, comme Jésus, quand la sollicitude pour elles leur redonnent le goût de ce qui est beau, de ce qui est juste. Quelle place : les premières, les dernières. La question se déplace pensant à ces personnes vers qui Jésus nous envoie. Jésus fait voir qu’il est juste d’aimer plutôt ceux que personne n’aime plus : quand on est libre de les mettre non pas à la dernière place, mais tout simplement dans les places prioritaires des personnes à qui il faut montrer la force de l’amour, on peut le comprendre.
Quel chemin suivre avec Jésus ? Ce n’est bien sûr pas l’ambition d’être meilleur, d’être plus saint qu’il conviendrait d‘adopter . Il faut non pas s’entraîner à une humilité qui resterait bien artificielle, mais suivre ce chemin que Jésus a pris pour rejoindre les petits, et trouver juste ce renversement des places que l’on trouve souvent dans l’évangile. Quand les pécheurs sont pardonnés et pourraient montrer la force de l’amour de Dieu aux soi-disant justes. Quand les humbles sont élevés et les puissants renversés de leur trône. Non pas qu’on soit content d’une revanche que le Seigneur nous ferait prendre. Mais parce que le Seigneur nous a fait percevoir une ambition mal placée en nous et qu’humblement, il nous a donné le goût du chemin à faire pour mieux vivre comme lui.
En parlant de place, nous pensions places à occuper. L’évangile parle aussi de l’accueil, pour les places à offrir. Il en parlait pour l’accueil des enfants, dont la vie est une promesse de vie. C’est une vie où plutôt que des titres, un faire valoir, il y a promesse de tout ce que le Seigneur peut y faire grandir. Évoquer l’accueil à offrir, c’est revoir autrement les places des uns et des autres. L’important n’est-il pas de donner une place comme le Seigneur le ferait. Et nous pouvons faire l’expérience d’accueillir le Seigneur dans nos partages, dans nos gestes d’accueil si plutôt que des comparaisons, des catégories, nous percevons surtout que le même Seigneur nous rassemble parce qu’un même Seigneur nous fait vivre, que l’autre est un être aimé de Dieu qui m’invite à partager, avec lui, un amour qui rend vains bien des classements. De quoi dissuader d’ambitionner des podiums de quelque sorte qu’ils soient.
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Notre unique obligation morale, c’est de défricher en nous-même de vastes clairières de paix et de les étendre de proche en proche, jusqu’à ce que cette paix irradie vers les autres. Et plus il y a de paix dans les êtres, plus il y en aura aussi dans ce monde en ébullition. (Etty Hillesum, une vie bouleversée)
de 10h00 à 22h00